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Entretien avec Denis Meskel, directeur des Ateliers de Jemmapes (Paris 12)

Aux ateliers de Jemmapes , un des 46 établissements et services gérés par l’Association l'Entraide Universitaire, travaillent 132 travailleurs handicapés, principalement atteints de troubles mental et psychique. A leurs activités de restauration, traiteur, blanchisserie et conditionnement s’est ajoutée depuis bientôt un an une expérience in situ. Une équipe a été détachée comme prestataire au restaurant du siège social du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) dans le 12ème arrondissement de Paris. En partenariat avec Api Restauration, elle gère un self de 250 à 300 repas par jour ainsi qu’une cafétéria.

Comment est organisé le travail au restaurant et comment a été formé le personnel ?

Travailleurs handicapés des ateliers de JemmapesTravailleurs handicapés des ateliers de Jemmapes

 « Aujourd’hui, nous avons une équipe de douze travailleurs sur place, encadrés par deux moniteurs. L’un encadre les préparations froides, c'est-à-dire les entrées et les desserts, et le second l’activité cafétéria et la salle. Le responsable cuisine fait quant à lui partie d’Api Restauration, il gère les menus et les commandes de denrées alimentaires. Les conditions de travail ont été aménagées afin de les rendre accessibles aux travailleurs. Par exemple, nous avons des caisses enregistreuses au fonctionnement très simple par carte magnétique que le client recharge. De cette façon, il n’y a pas d’argent qui circule. Concernant la formation, nous avons, au sein des Ateliers de Jemmapes une cuisine pour la restauration collective et une salle de restaurant où a été formée la majorité de l’équipe. Ils connaissent donc le métier, savent ce qu’est le service, de sourire au client... Pourtant, exercer directement sur place renvoie à des exigences plus strictes qu’à l’atelier, non seulement en termes de qualité des produits et de préparation des plats mais surtout de délais puisque les repas sont servis entre midi et 14h et préparés dans la matinée. »

Quel travail en amont exige ce type d’expérience à trois têtes ?

« L’accord avec le CNFPT a été conclu en mai 2011, soit deux mois avant l’ouverture du restaurant, un temps durant lequel il y a eu de nombreux allers et venues entre Api Restauration, le CNFPT et les ateliers. La démarche principale a été d’accompagner les travailleurs vers l’extérieur, pour une phase d’intégration et d’adaptation aux lieux et aux personnes. Ils ont ainsi pu trouver leurs repères au restaurant, progressivement, à leur rythme. Le responsable cuisine, issu d’Api, a également été immergé une semaine aux Ateliers de Jemmapes pour rencontrer le public avec lequel il allait travailler et échanger  avec l’équipe d’encadrement. Du côté du CNFPT, nous avons mené une réflexion commune sur la manière de se comporter, de réagir et d’être à l’aise vis-à-vis des travailleurs et du handicap. Il est finalement ressorti que naturel et simplicité étaient la meilleure attitude à adopter. Enfin, travailler en partenariat avec Api restauration nous a permis de faire face aux lourdes responsabilités de la gestion d’un restaurant, ce que nous n’aurions pu faire seuls. »

Quel est le bilan de ce partenariat et qu’envisagez-vous pour l’avenir ?

« Le but et la particularité de cette expérience, c’est avant tout de pouvoir faire sortir une équipe hors de l’Esat, de l’immerger dans l’entreprise. Cela revient, pour les personnes handicapées, à travailler en milieu ordinaire. Ils ont un contact quotidien avec les salariés du CNFPT et cela ne peut que les faire progresser, les tirer vers le haut. D’ailleurs, de nets progrès ont été réalisés par toute l’équipe, notamment en termes de relations humaines et de comportement. Aujourd’hui, l’ensemble des travailleurs se sent bien. L’intégration auprès des salariés du CNFPT est une réussite et va au-delà de tout ce que l’on pouvait espérer, les différences se sont estompées, les appréhensions ont diminué. Nous souhaitons aller au bout de notre contrat d’un an, renouvelable trois ans avec le CNFPT. Ce type d’expérience améliore notre visibilité de manière positive, les demandes se multiplient et cela permet d’abattre certaines barrières, ou du moins, au préalable, de les estomper. »

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